Je soupirais, et repensais à la façon dont ils m'avaient laissé ici. Un adolescent normal se serait sentit abandonné, aurait fait de la résistance, aurait hurlé se serait plains aurait insulté ses parents. Je n'étais pas ce genre de mec rebelle prêt à frapper sa mère à la moindre parole. J'en avais rien à foutre. Totalement, purement et simplement rien à foutre. Pourquoi, comment ? J'avais ma petite idée mais hors de question que cela sorte de ma caboche. Je revoyais la voiture s'éloigner. J'entendais les derniers mots de ma mère qui avait tenu a m'accompagner. Elle voulait que je guérisse que j'oublie le mal qu'avait produit ma soeur en mourant, que je refasse confiance à quelqu'un.

Je m'arrachais à mes pensées quelques instants. Ils avaient dit que c'était facile de trouver ma chambre. Ils s'étaient foutu de ma gueule les cons ! Impossible de trouver le dortoir ni cette fichue intendance. Je jurais et me remettais à marcher. Où était ce fichu lieu impossible à déceler. Je m'énervais de plus en plus, et n'avais aucun gramme d'alcool dans le sang. Je sentais de légers tremblements parcourir mes membres supérieur, j'ouvrais et refermais successivement ma main. C'était passé. Le manque commençait à me saisir. Je devenais accro, je passais à l'étape supérieur. Mais ça ne me faisait pas peur. Tant pis si je devais mourir demain. Peut-être aurais-je l'occasion de régler mes comptes.

Je suis sur le point de téléphoner à mes parents pour les insulter lorsque j'aperçois une longue chevelure dorée au loin. Une fille, je soupire. La présence féminine n'est pas ma présence favorite mais elle va certainement pouvoir m'aider. Elle a ses bagages à la main, elle doit rentrer de vacances ou je ne sais quoi. Je m'approche d'elle, bien décidé à ne pas me les geler. A une bonne distance, je m'exprime d'une voix forte et claire.

- Excuses moi, j'viens d'arriver et je trouve pas cette connerie de dortoir ni même l'intendance. Tu pourrais m'aider ?

C'est le plus poli que je puisse faire, si ça ne lui plais pas je me démerderais seul, tant pis !

J'ouvre la porte et vois une blonde en train de travailler. Je reste en stand by, priant pour qu'un adulte soit dans le coin et puisse venir nous aider. Je sens que l'on me pousse, m'éloigne un peu et ne lutte pas. Elle veut passer qu'elle y aille...

- Bonjour. On n'est nouveau. Et on aimerais avoir des renseignements.

Je vois l'autre mégère se lever, un air suffisant sur le visage. Et ça m'énerve. J'ai sentis la force de Mélanie lorsqu'elle lui a parlé. Mais elle me rappelle tellement de souvenirs. J'ai besoin de la protéger, même si je ne lui montrerais jamais.

- Non désolé, je ne suis qu'une simple élève ici.

Je vois Mélanie serrer les poings, j'effleure sa main de la mienne l'incitant au calme et me replace devant elle. Comme je l'aurais fait pour Elle. Je soupire, voit que la blonde me regarde avec envie la jauge. Elle est commune et vulgaire, ne me tente pas du tout.

- Et où on peut trouver quelqu'un pour nous aider ? Puisque tu n'es pas capable de nous dire où sont nos chambres et où est le bureau ! Enfin bon, tu fais la réputation des blondes.

Je me retourne vers Mélanie en souriant.

- Je ne parlais pas pour toi !

Elle me sourit comme si elle était triste pour moi. Je mis quelques secondes, puis finit par comprendre en même temps qu'elle me répondait :

- Tu sais, on n'est pas toutes pareils. Et puis, je parlais pas sentimentalement en fait, juste de la façon dont t'avais parler a Blondie tout a l'heure!

Je soupirais, croquais une nouvelle fois dans ma pomme et me balançait tranquillement sur ma chaise profitant de l'absence des pions qui se faisaient toujours une joie de me sermonner.

- Je ne parlais pas sentimentalement non plus. Et je sais, il ne faut pas généraliser. De plus, Blondie comme tu dis as voulu se la péter avec toi, ça ne m'a pas plus.

Je sens que les questions importantes vont arriver. Je n'ai pas envie d'y répondre. Mais je sais pas, c'est comme lorsque j'étais petit. Cette fille je ne peux pas ne rien lui dire... Je me sens obligé comme lorsque j'étais avec Julia. Je soupire et la regarde patient.

- Alors comme ça tu serais du genre chevalier? Ou superman si tu préfère. Et tu aurais du me laisser faire, je lui aurais refait sa face! Ça lui aurait fais les pieds a Blondie!

Je ris quelques secondes. Moi un chevalier ? Avant certainement, j'aurais voulu éviter une bagarre. Mais là c'était juste que je ne voulais pas qu'elle se batte contre l'autre qui ne méritait pas autant d'intérêt qu'un combat. Et puis, - je devais me l'avouer - je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. Fichue habitude de grand frère... Je me sentis un peu plus mal en repensant à ce souvenir, et la regardait triste. Elle lui ressemblait vraiment. Voilà pourquoi je l'avais protégée. Voilà pourquoi je voulais bien rester avec elle. Je fermais les yeux quelques secondes tentant de me reprendre, de ne pas faiblir devant elle.

- Je suis pas un héros. Pas du tout.

Non, je n'étais franchement pas un héros. Je n'avais pas été capable de protéger ma soeur de ce monde d'horreur. Je n'avais pas pu la sortir de la spirale infernale de la drogue. Je n'avais même pas vu sa déchéance. Je n'avais pu qu'accepter sa mort, en silence.

- Et elle ne méritait pas que tu t'énerves pour elle.

Je haussais les épaules feintant la désinvolture. Puis fini ma pomme et la pose dans mon plateau attendant qu'elle finisse de manger.

Elle m'attirait dans un petit parc après avoir fumé sa clope. Je me laissais faire, docile. La journée m'avait vannée. Et rien qu'à l'idée de devoir me taper comme camarade de classe des meufs comme blondie j'avais envie de fuguer et de me tailler en Espagne !

Je retenais mes soupirs, et contenais ma mauvaise humeur. Elle n'aimait pas lorsque j'étais bougon alors je supposais que cette inconnue que j'aimais déjà malgré moi était pareille. Elle s'allongea et je fis de même.

Comment savait-elle que j'aimais la sieste ? A moins qu'elle ne le saches pas...

- Tu sais, mon père disait que chaque étoiles était quelqu'un qui veillé sur les personnes a qui elle tenait quand elle était en vie..

Je regardais le ciel, ému. Si elle savait comme j'aimerais que Julia me regarde de là-haut. J'aimerais qu'elle me dise pourquoi, pourquoi elle m'avait caché tout ça. Pourquoi elle avait déchiré mon coeur. Pourquoi elle avait prit ma vie lorsqu'on lui avait ôté la sienne.

- Je pries pour qu'on ne veille pas sur moi alors...

Je me relevais, ne supportant plus de penser à elle. J'étais dehors mais j'avais un grand besoin d'air !

- Dis pas ça. En plus tu sais, tu n'as pas tellement le choix. La personne qui veille sur toi, t'aimais sincèrement, même si c'est difficile a croire. Mon père me l'a toujours dit.

Je me tourne pour ne pas qu'elle voit mes yeux embués de larme. Je les fais disparaitre et reste de dos quelques secondes de plus avant de soupirer quelques fois pour me remettre de mon émotion. De ma tristesse, de mon mal-être permanent que je tentais de gommer avec mon caractère et ma distance fictive avec les autres.

- Ne dis plus ça... S'il te plais. Surtout... Surtout toi.

Comme si Elle me rappelait. Comme si Julia voulait m'aider par le biais de cette étrange fille. Comme si elle devait signer ma renaissance ou quelque chose du style. Je ne devais pas devenir proche d'elle. Surtout si je voulais rester dans mon malheur. Dans ma malédiction que je chérissais tant. Je m'approchais lentement d'elle, me sentant tout de même un peu mal.

- Ne te vexes pas surtout. C'est juste que...

Je ne pouvais pas lui dire la vérité. Je ne pouvais rien dire d'autre. Elle allait poser des questions. Tant pis, je ferais avec ou sans...